
C’est quoi tous ces psys ?
Quelques indications pour s’y retrouver parmi tous les « psys » peuvent être utiles avant de faire son choix. Si toutes et tous se retrouvent autour de leur préoccupation pour la santé psychique de leurs contemporains, ce qui les distingue c’est leur point de vue sur le psychisme c’est-à-dire avant tout leur approche théorique, conditionnée par leur formation respective. En tout état de cause, au moment du choix souvenez-vous que ce n’est pas tant le type de psy par lui-même qui compte que la qualité de la relation que vous pensez pouvoir établir avec elle ou lui après votre première rencontre. C’est elle qui autorisera votre confiance, socle nécessaire à tout changement profitable. (cf. : file:///C:/Users/filag/Downloads/les-etudes-sur-lefficacite-de-la-psychotherapie-ou-comment-la-science-repond-a-une-question-intime.pdf)
– Psycho-praticien certifié : Suite à la loi de 2004 (cf ci-dessous) réservant le titre de psychothérapeute aux médecins, psychologues et psychanalystes, l’ensemble des syndicats et fédérations représentants la psychothérapie (FF2P, AFFOP, SNPPsy, PSYG, Psy en Mouvement) a choisi en 2011 le titre de psychopraticien-ne en lieu et place de celui de psychothérapeute. Le titre de psycho-praticien certifié par une école adhérente à l’ Association Européenne de Psychothérapie* (EAP) garantit une formation complète en psychothérapie, conforme aux normes européennes de l’EAP. Cette formation inclue les éléments suivants :
• une psychothérapie personnelle approfondie,
• une formation théorique, méthodologique et pratique à une méthode reconnue,
• une formation en psychopathologie clinique,
• une supervision** permanente tout au long de la pratique professionnelle,
• un engagement à se conformer à la charte déontologique de la profession,
• une accréditation par une commission nationale de pairs.
Cette formation ne s’acquiert pas à l’université. Elle est dispensée par des organismes de formation privés dont certains sont accrédités pour délivrer le Certificat Européen de Psychothérapie (CEP). Ce certificat a été mis en place par l’EAP en concertation avec la commission européenne de Bruxelles en 1997. Il vise à harmoniser les niveaux de formation à la psychothérapie entre les différents pays d’Europe et répond à des critères d’obtentions élevés.
– Psychothérapeute : Depuis la parution en 2010 du décret d’application de la loi de 2004, l’usage du titre de psychothérapeute est réglementé en France. Il est réservé aux psychiatres et aux psychologues cliniciens ainsi qu’aux professionnel.le.s pouvant justifier d’une formation théorique en psychopathologie de 400 heures minimum et de la réalisation d’un stage de 5 mois. Il constitue un titre commun partagé par des professionnels issus de formations distinctes et complémentaires. Les psychothérapeutes sont inscrits au registre ADELI qui regroupe l’ensemble des professionnels de santé, ils exercent sous la surveillance de l’agence régionale de santé dont ils dépendent et un registre des psychothérapeutes peut être consulté en préfecture. Par dérogation certains professionnels ne disposant pas des diplômes universitaires exigibles mais pouvant justifier de plus de cinq années d’exercice à la date de parution de la loi peuvent être admis à porter le titre de psychothérapeute après un passage devant une commission spécialisée et un éventuel complément de formation. Ainsi la profession de psychothérapeute est devenue une spécialité médicale fondée principalement sur un savoir en psychopathologie, limitant son champ d’activité à celui de la santé mentale, loin de l’histoire et des fondements de la psychothérapie.
– Psychanalyste : La psychanalyse désigne à la fois : – Un procédé d’investigation des processus psychiques (via la méthode des associations libres, l’étude des rêves, etc…), – Une méthode thérapeutique (divan, retrait de l’analyste facilitant la projection de l’analysant, …), et une théorie du fonctionnement psychique (la métapsychologie) dont l’élaboration est l’un des principaux apports de l’approche psychanalytique. La formation de psychanalyste consiste avant tout en une psychanalyse personnelle approfondie (dite didactique par certains courants) et étayée par une étude approfondie de la psychopathologie, notamment psychanalytique. Sa pratique est obligatoirement supervisée par un-e pair-e expérimenté-e.
– Psychiatre : C’est un médecin (en France il doit être inscrit à l’Ordre des médecins) qui a suivi une spécialisation théorique approfondie (4 ans) dans les maladies mentales. Dans la famille des psys il est la seule habilité.e à établir un diagnostic et à prescrire des médicaments. Son approche l’oriente donc plutôt vers le diagnostic des troubles mentaux graves impliquant généralement un soutien médicamenteux. Sa formation ne comprend pas de psychothérapie personnelle et l’exercice de la profession n’implique pas de supervision.
– Psychologue : Le titre valide une formation académique de 5 ans suivie dans le cadre de l’université et déclinée en différentes spécialités, dont la psychologie clinique qui comporte une solide connaissance de la psychopathologie. Depuis 1985 l’usage du titre est protégé par la loi. Dans sa pratique il ou elle peut être amené.e bien sûr à conduire des entretiens, mais aussi à administrer et interpréter des tests et des questionnaires, ainsi qu’à mener des observations (en situation expérimentale ou pas). De même que pour celle de psychiatre, la formation de psychologue ne comprend pas de psychothérapie personnelle et son exercice n’implique pas de supervision. Le titre est identique pour une grande diversité d’exercice du métier parmi laquelle on trouve : Psychologue clinicien : seul.e à pouvoir exercer comme psychothérapeute et donc à pouvoir recevoir un n° ADELI au sortir de l’université. Selon sa première définition par D. Lagache en 1949 « il s’agit d’une science de la conduite humaine, fondée principalement sur l’observation et l’analyse approfondie des cas individuels, aussi bien normaux que pathologiques, et pouvant s’étendre à celle des groupes ». Mais selon son approche théorique, allant de la psychanalyse à la thérapie cognitivo-comportementale, sa pratique pourra s’avérer très différente ; Psychologue du développement : pour accompagner et stimuler le développement des enfants et des adolescents, mais aussi des personnes âgées, par l’évaluation des besoins psychologiques en étroite collaboration avec les familles et les institutions ; Psychologue du travail : opère en milieu de travail afin d’y veiller au bien-être des salarié.e.s et améliorer leur qualité de vie dans ce cadre. Ses domaines d’action sont la santé et la sécurité au travail, l’ergonomie, les RPS, et peuvent aller jusqu’à l’addictologie ou la victimologie ; Psychologue social : s’intéresse aux situations et aux variables qui affectent le comportement social. Son expertise peut intéresser la prévention, l’inclusion sociale, l’urbanisme ou la publicité ; Neuropsychologue : qui étudie les fonctions cognitives dans leurs rapports avec les structures cérébrales. Son rôle est d’évaluer la nature et l’importance des troubles des fonctions cérébrales suite à un dysfonctionnement du cerveau ; Psychologue judiciaire : chargé.e par la justice de rendre compte d’une situation donnée afin de définir les responsabilités de chacun.
* European Association for Psychotherapy : Fondée sur la déclaration de Strasbourg sur la psychothérapie (1990), L’Association Européenne de Psychothérapie (EAP), basée à Vienne, compte 128 organisations de psychothérapie et regroupe 120 000 psychothérapeutes issus de 42 pays européens différents. L’EAP a parrainé une grande partie de l’effort européen du milieu des années 1990 en faveur de la professionnalisation de la psychothérapie, de la formation de normes de formation pan-européennes, et de lignes directrices d’éthique.
** La supervision s’adresse à des thérapeutes professionnels en exercice, de façon individuelle, en groupe ou par équipes. En s’appuyant sur des situations concrètes la supervision a pour objectif l’amélioration des compétences professionnelles en amenant le supervisé à s’interroger sur ses attitudes, ses paroles, ses perceptions, ses émotions et ses actions. Elle aide à développer la lucidité et la prise de distance afin de mieux gérer les situations complexes. Enfin elle favorise l’intégration de l’expérience et l’assimilation des apports théoriques. Elle constitue de fait une formation continue à partir de la clinique du supervisé et le cas échéant de celle de ses collègues.